Covid-19 La Tunisie abasourdie

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Ouvrage collectif Sous la direction de Taoufik Habaieb Avec la contribution de (par ordre alphabétique) • Faiez Amouri, médecin urgentiste (France) • Kamel Ayadi, ingénieur, ministre à la Présidence de la République • Mohamed-El Aziz Ben Achour, historien, ancien ministre de la Culture et directeur général de l’Alecso • Mohamed Salah Ben Ammar, professeur agrégé en médecine, ancien ministre de la Santé • Haykel Ben Mahfoudh, juriste, professeur agrégé en droit public international • Najet Brahmi Zouaoui, juriste, professeur agrégée en droit public international • Mohamed Adel Chehida, médecin réanimateur en Italie • Henda Derbel, médecin du travail • Azza Filali, professeur agrégée en médecine • Ahmed Friaa, professeur agrégé en mathématiques, ancien ministre des TIC et de l’Equipement • Samy Ghorbal, essayiste et consultant en communication • Ahmed Guidara, directeur général des affaires financières (DAF) de la commune de Sfax • Taoufik Habaieb, journaliste, communicateur • Hatem Kotrane, juriste, professeur agrégé en droit public international • Fatma Marrakchi Charfi, économiste, juriste, professeur agrégée en sciences économiques • Hatem Masmoudi, professeur agrégé en médecine (chef du Laboratoire d’immunologie du CHU Habib- Bourguiba de Sfax) • Mohamed Sayed Miledi, pharmacien biologiste • Khadija Moalla, juriste, expert international (Pnud) • Slaheddine Sellami, professeur agrégé en médecine, ancien ministre de la Santé • Habiba Zehi Ben Romdhane, professeur agrégé en médecine, ancien ministre de la Santé • Sofiane Zribi, médecin psychiatre

Categories: Leaders100, Nouveauté

Description

Covid-19 La Tunisie abasourdie

Chocs en cascade. Rebond ! Le télescopage aura été brutal, profond, violent, restant encore imprévisible dans ses éruptions. En moins de dix ans, la Tunisie, cherchant à peine encore ses nouveaux repères depuis le 14 janvier 2011, se trouve confrontée, début 2020, à un cyclone des plus forts : le Covid-19. Pandémie ravageuse qui déclenche une crise sanitaire sans précédent, provoquant une grave déconstruction économique et financière, et engendrant également de lourdes conséquences sociales. Pour la première fois en 3 000 ans de son histoire pourtant mouvementée, jamais le pays n’a été confronté à pareille guerre. Le voilà combattre à son corps défendant un ennemi invisible, imprévisible, frappant d’un seul coup et en même temps l’ensemble du territoire et de la population. La propagation fulgurante de l’épidémie, partout ailleurs ou presque dans le monde, ajoute à la confusion chez nous, la perplexité de la communauté internationale. La Tunisie se retrouve esseulée, privée de tout repère, de tout soutien. Hormis quelques miettes parcimonieusement consenties et hautement claironnées, le secours financier extérieur reste de loin disproportionné par rapport aux besoins urgents. L’impréparation générale, à commencer par le gouvernement et les structures sanitaires, mais aussi le système financier et les entreprises, a ouvert la voie aux ratages. Hésitations, retards dans la prise de décisions, sous-estimation des dégâts et des besoins : au lieu d’anticiper, on court derrière l’inconnu. La solution la plus simple trouvée : le confinement général en mode : « Arrêtez tout, rentrez chez vous, nous aviserons ! » Mais a-t-on pris en considération son coût financier et son impact social? Panique au sommet. Au lieu d’informer, on a banalisé. Au lieu d’expliquer, on a infantilisé. Alarmés, les Tunisiens, comme d’autres, s’y sont résignés. Ils n’ont eu d’autre choix que de faire confiance à leurs dirigeants, croyant trouver en eux de vrais chefs de guerre. Celui qui prend tout en main montre la voie et mobilise. En vain. La navigation à vue n’a pas tardé à surprendre la population. Elle sera rapidement leurrée et devrait déchanter. Ceux qui ont été à la barre, lors de la première vague, ont-ils tous été à la hauteur? Peut-on faire confiance à ceux qui leur ont succédé? Quelles garanties pour l’avenir? Dès les premières semaines de janvier 2020, Leaders est monté au créneau. Avertis également en tant qu’agence-conseil en communication impliquée de longue date aux côtés du ministère de la Santé en matière de pandémies (MST/Sida, H1N1, etc.), nous avons rapidement décodé les premiers signaux venus de Chine. Alors que nos équipes de communication se sont déployées en même temps que celles du Pr Nissaf Ben Alaya, à l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes (Onmne), la Rédaction s’est mise en alerte. Prompt à réagir et anticipant l’ampleur du désastre, Leaders a en effet immédiatement ouvert son journal en ligne, puis les pages de son magazine mensuel, aux spécialistes. La toute première mission d’un média n’est-elle pas l’alerte, l’information, l’explication et l’interpellation? Un vaste réseau de compétences dans de multiples disciplines, formé autour de la Rédaction, s’est mobilisé d’emblée. Médecins et scientifiques du même périmètre, dont trois anciens ministres de la Santé, juristes, économistes, ingénieurs, sociologues, gestionnaires et penseurs se sont spontanément mis à écrire. C’est-à-dire décrypter, éclairer l’opinion publique, balayer de fausses allégations scientifiques, avancer des propositions utiles et interpeller le gouvernement. La tâche n’était guère facile. Gestion de crise erratique et communication gouvernementale chaotique ne faisaient que tout compliquer. Confinement général, déconfinement progressif, fermeture et réouverture des frontières, rapatriement cahin-caha de milliers de citoyens aux quatre coins du monde: les Tunisiens ont dû vivre au gré des annonces gouvernementales, hésitantes, parfois contradictoires, prenant tout le monde de court. Les décisions étaient-elles les bonnes? Justifiées? Appropriées? Prises à temps? Le comble de la désinvolture et de la surenchère politique nous viendra fin juin du perchoir de l’Assemblée des représentants du peuple. Le Chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, proclamera triomphalement avoir réussi à vaincre le Covid-19. Sans préciser comment. Encore moins, jusqu’à quand. Plus de bave et de bavures que de bavettes! La Tunisie aussi n’y échappe pas, ajoutant plus d’hésitations agitées que d’actions fondatrices. Faut-il toucher le fond pour se constituer une expérience instructive? La seule sagesse est d’être à la hauteur du moment.  

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